dimanche 16 mai 2010

Vivre avec une thérapie

Forme :
Cette nuit, encore, le sommeil n'était pas au rendez-vous. J'étais déjà réveillé vers 1 heures du matin. Mozart dans le lecteur MP3 Archos (web radio) m'a quand même rendormi, et jusqu'au matin, malgré quelques interruptions. Je n'ai pas pris l'ordinateur cette nuit. Je crois que j'ai fait une petite crise d'angoisse. Je croyais même ressentir une élévation de température. En fait, à peine plus de 37° cette nuit comme ce matin. C'est beaucoup plus qu'hier matin où je n'avais que 35,7° ! Ces températures très faibles que je fais assez souvent inquiètent Tine. J'en parlerai aux docteurs, demain à l'hôpital.

Activité :
Le temps est encore maussade ce matin. Pas sûr que je puisse aller prendre l'air avant d'être enfermé à l'hôpital pendant presque toute la semaine prochaine.


Au vu des commentaires que je reçois sur ce blog, chacun semble penser que c'est une bonne chose d'écrire ainsi sur le cancer. Cela peut-il se comparer à une thérapie ?

Vivre avec une thérapie
Dès les premières hospitalisations en octobre 2008, l'équipe de soignants m'avait diagnostiqué une dépression. Lors de plusieurs chimio, j'ai donc eu la visite d'une jeune psychologue attachée au service d'oncologie de Valence. Malgré des durées de consultation de l'ordre d'une heure, je n'ai pas eu l'impression qu'on allait au fond des choses. Au contraire, j'avais le sentiment d'une simple écoute, de la part du praticien, qui restait dans le convenu pour un patient atteint d'un cancer.
A la fin de cette première cure à Valence, tant l'oncologue que mon médecin généraliste, me poussaient à consulter. Ce que j'ai fait, finalement, en Juin. J'ai consulté une psychologue de Paray-le-Monial "au bout de la rue". La première consultation a été longue pour cerner l'ensemble de mon vécu et permettre aux visites suivantes d'être efficaces. Elle n'a pas jugé utile de renforcer le traitement à base d'anxiolytique que je prends en continu suite à l'agression dont j'ai été victime en 1991. Au rythme d'une séance tous les quinze jours où j'ai craqué systématiquement (crise de larmes), un peu d'ordre a été remis dans les pensées dépressives que je pouvais avoir : 

  • je m'étais condamné à ne pas envisager d'avenir au delà du diagnostic qui devait tomber en septembre 2008 et en lequel je n'avais aucune confiance
  • je me sentais responsable d'avoir laisser tomber lâchement mes clients et mes partenaires professionnels, d'autant, que la crise aidant, un de mes charpentiers s'est pendu !
  • je m'étais convaincu que je ne reprendrai jamais mon activité professionnelle
  • j'étais persuadé que mon état devait rendre mon entourage chagriné, alors que je ne voulais surtout pas ressentir de la pitié. Notamment, je ne prenais pas le téléphone ni ne voulais voir personne. J'avais quasiment fait des promesses de descendre sur la côte voir ma mère et ma cousine. Je n'y suis pas allé.
Je consultais une psychologue à Paray-le Monial, au bout de la rue.

La dernière séance a eu lieu quelques jours avant le diagnostic de récidive en septembre 2009, alors même que la psy avait réussis à me donner confiance en une rémission. J'étais physiquement beaucoup mieux que lors de la première séance. Moralement, j'étais complètement déculpabilisé concernant tant ma profession que ma famille. J'étais libre de prendre mes distances avec toute personne  pouvant me prendre en pitié, y compris ma mère. C'est dans cet état d'esprit que j'ai abordé la volte face des médecins qui, en à peine un mois, sont passés d'un patient stabilisé à un patient plus gravement atteint.
J'ai revu une fois la psy, puis j'ai pensé affronter seul la situation malgré les avertissements des soignants concernant la difficulté de l'autogreffe. Je n'ai quasiment pas craqué sauf une fois où c'est une infirmière qui a fait la psy. A la lecture de ce blog, dites-moi si je me voile la face, où si réellement j'affronte sereinement la réalité d'un cancer en phase terminale ?

9 commentaires:

Unknown a dit…

je pense que ton blog te sert de thérapie actuellement,mais il ne te sera pas forcément suffisant .profites bien de ta journée et bon courage pour demain.biz.

Nolwenn a dit…

Je trouve qu'écrire est une vraie thérapie, c'est pas évident de parler de soi!
Retracer tout ce que tu as vécu durant ta maladie et tout ce que tu vis en ce moment montre bien que tu regarde en face la réalité... ca rend certaines choses dures à lire!
En tout cas, comme dis dans un autre commentaire, on devient vite accro et on a envi de te lire chaque jour!
J't'embrasse mon tonton !!

Emmanuel a dit…

la réalité des choses devient pour moi de plus en plus difficile à affronter, et tu sais bien que je suis le maillon faible...mais je veux être là pour toi et les tiens si qq chose ne va pas...Tu m'as dit qu'il fallait être réaliste et surtout arrêter d'être c... Pas facile... je te trouve courageux, serein,un peu dur parfois...mais dur avec toi même tu l'as toujours été...pour te protéger...de qui de quoi ? j'en sais rien... il y a une histoire que je ne connais pas et que je ne connaitrais sans dooute jamais...

AM a dit…

Merci Nolwenn. Tes messages me vont toujours droit au coeur. Tu peux partager ce blog avec tes amis et en parler : je l'ai rendu public. Je me rend bien compte que ce que j'écris doit être, quelques fois, difficile à lire. Mais tant de gens sont dans la même situation que moi, comme débarqués du train de la vie, qu'on a tous besoin de vous. Fais connaître ce blog autour de toi. Merci. Je t'embrasse.

AM a dit…

Non, Emmanuel, il n'y a pas d'histoire cachée. Encore moins avec ce blog où je souhaite être le plus sincère possible en ne blessant personne. Mais aujourd'hui tout doit-être dit. C'est l'épithaphe de mon vivant que je n'aurai pas sur ma tombe, puisque pas de tombe :
"Mieux vaudrait, après votre mort, une méchante épitaphe que, de votre vivant, un mauvais renom."
William Shakespeare

Nolwenn a dit…

Tu peux en être sûre,je ferais connaitre ton blog, j'en parle déjà autour de moi.
J'ai toujours eu beaucoup d'estime pour toi et te lire dans cet exercice où tu prends le temps et la force de partager ce moment de ta vie avec nous me touche vraiment.
Je pensais, à tord, avoir le temps de profiter des personnes que j'aime... puis la je me retourne et ça fait des années qu'on ne c'est pas vu! je me trouve bien bête...
J'espère que ce séjour à l'hôpital se passera bien et que tu pourra sortir Jeudi.
Je pense bien à toi.
Nolwenn

Annie BARON a dit…

Je suis comme Nolwenn, loin des yeux mais certainement pas loin du coeur.Malgré toutes ces années passées éloignés géographiquement les uns des autres, les sentiments subsistent.
Je ferai mon petit tour sur ton blog régulièrement.Ton courage me fascine et me laisse admirative.
Je vais penser très fort à toi pendant ces quelques jours à Roanne.
Annie

EVELYNE ET DANIEL a dit…

C'est super d'avoir fait ce blog Alain.
Ca permet aux personnes qui vous aiment d'avoir des nouvelles sans craindre de vous déranger par téléphone.
Inutile de dire que nous pensons bien à vous.
evelyne et daniel

Anonyme a dit…

Bonjour.... je suis très touchée par vos paroles, vos pensées exprimées sur un blog qui vous permet de vivre avec la pire des ennemies...A très bientot.
Françoise
EPC Aix-en-Provence

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